Conférence sur la population et le développement

La lutte contre la pauvreté passe par la planification familiale

Article paru hier (08/02/2011) sur le site Sidwaya.bf

La capitale burkinabè, Ouagadougou abrite du 8 au 10 février 2011, une Conférence internationale sur le thème « Population, développement et planification familiale en Afrique de l’Ouest francophone : l’urgence d’agir ». Placé sous son patronage, le président du Faso, Blaise Compaoré a ouvert les travaux devant un parterre d’acteurs des questions de population, de planification familiale et de développement.

Les acteurs des questions de population plaident pour une attention plus accrue des décideurs politiques sur les facteurs de croissance démographique et de développement. Venus de l’Afrique, de l’Europe et des États-Unis, ils sont convaincus que la maîtrise de la croissance démographique peut conduire les pays africains au développement. Et pour cela, il faut agir sur la population, le développement et la planification familiale.

D’où la conférence internationale de Ouagadougou sur le thème « Population, développement et planification familiale en Afrique de l’Ouest francophone : l’urgence d’agir ». Ouvert par le président du Faso, Blaise Compaoré, cette conférence est qualifiée de haut niveau et de sans précédent. Le lien entre développement économique et croissance démographique a été démontré par les différents intervenants. Ils sont unanimes à dire que la forte croissance démographique influence négativement la croissance économique.

Or, la population africaine et particulièrement celle de l’Afrique de l’Ouest croît, de façon exponentielle. Selon les statistiques, le continent noir a franchi déjà la barre du milliard d’habitants. En 2050, il devrait compter 2,3 milliards de personnes. Quant à l’Afrique de l’Ouest qui compte aujourd’hui plus de 110 millions d’âmes elle devrait passer à 280 millions en 2050. Le Burkina Faso, à en croire les prévisions, pourrait voir sa population tripler en 40 ans. Les raisons de cette progression extrêmement rapide de la population tiennent d’abord, à un taux de fécondité parmi les plus élevés au monde : 5,2 enfants par femme, deux fois supérieur à la moyenne des pays en développement.

Également, cela s’explique par une offre insuffisante des produits contraceptifs. « Si la population augmente plus vite que les richesses, comment espérer nourrir, éduquer, soigner et former des générations toujours plus nombreuses ? C’est pourquoi il n’y a guère d’exemple de pays dont le décollage économique n’ait pas été accompagné, à un moment ou l’autre, par une transition démographique », a précisé le ministre français chargé de la Coopération, Henri de Raincourt. Pour le président du Faso, Blaise Compaoré, les nouvelles réalités de l’économie mondiale ont largement démontré l’interdépendance forte entre les dimensions sociale et économique.

Des conséquences élevées

« La croissance démographique rapide observée en Afrique de l’Ouest francophone contribue à accentuer le chômage, le sous-emploi et la pauvreté, aussi bien en milieu rural que dans les centres urbains. Elle est aussi source de conflit entre les différents groupes sociaux, accroît les besoins immédiats des populations et entrave les efforts de développement, en aggravant les problèmes de santé, les inégalités entre les femmes et les hommes et la dégradation de l’environnement.

Les questions de population en Afrique représentent de véritables défis qu’il convient de relever pour l’atteinte des OMD et réaliser une croissance soutenue profitable à tous », a renchéri le président Blaise Compaoré. C’est ainsi, a-t-il poursuivi, que les États africains ont engagé des politiques vigoureuses en matière de population par le renforcement des systèmes de santé, en termes d’accessibilité et de qualité des soins, tout en veillant à l’amélioration des performances des services de prévention et de sensibilisation. La Planification familiale (PF) qui participe grandement à l’épanouissement de l’ensemble des couches sociales, occupe une place prépondérante dans les choix stratégiques des gouvernements.

Cependant, a indiqué le représentant de l’ambassadeur des États-Unis au Burkina, Deborah Klepp, malgré les efforts, l’Afrique de l’Ouest est en retard en matière de PF. « L’engagement politique en matière de PF et de santé de la mère et de l’enfant est primordial pour le gouvernement Obama », a rassuré Mme Klepp.

Pour infléchir la forte croissance démographique, il faut agir donc, sur la Planification familiale (PF). En la matière des objectifs de la conférence sont entre autres d’inscrire la PF parmi les priorités de développement des pays de l’Afrique de l’Ouest francophone et définir des actions concrètes, en vue d’améliorer l’accès, l’utilisation et la qualité des programmes de planification familiale. L’accès aux produits contraceptifs reste une difficulté en Afrique de l’Ouest.

Besoins non satisfaits

En Afrique de l’Ouest francophone, un quart des femmes qui souhaitent espacer les naissances ou arrêter leur maternité n’ont pas accès à une méthode de contraception sûre et efficace (ce sont les besoins non satisfaits).

Des millions de grossesses non planifiées surviennent en Afrique, chaque année. Elles conduisent plus de quatre millions de filles et de femmes à recourir à un avortement clandestin, aggravant ainsi la morbidité et la mortalité. Pourtant, les femmes et les couples doivent avoir la possibilité, s’ils le souhaitent, d’accéder à des services de santé reproductive et de planification de qualité. « Le droit à être informé et le droit à accéder aux services de la santé génésique doivent permettre à des couples de choisir librement à quel moment, ils veulent avoir un enfant.

Les hommes doivent également, s’impliquer davantage aux côtés des femmes pour faire avancer ce droit. La scolarisation des filles et l’alphabétisation peuvent aider à ces choix. Pour que ces conditions soient remplies, un engagement politique fort est nécessaire de la part des pays de la sous-région », a interpellé le ministre français chargé de la Coopération Henri de Raincourt. Vu l’urgence à résoudre les questions de population en Afrique de l’Ouest francophone, la France va consacrer, de 2011 à 2015, un total de 100 millions d’euros pour des actions portant sur la santé reproductive et la planification familiale.

Par ailleurs, une présentation « le Burkina Faso en marche », faite par Mme le secrétaire permanent du Conseil national de population, Delphine Barry, pendant la cérémonie d’ouverture, a permis aux participants d’apprécier l’évolution démographique du Burkina, ces trente dernières années. C’était un avant-goût des communications bien applaudies par l’assistance.

Le président du Faso, le ministre français chargé de la Coopération et le représentant de l’ambassadeur des États-Unis au Burkina ont tous invité les experts et techniciens du domaine de la population et de la santé à rendre opérationnels les dispositions et les mécanismes de suivi-évaluation des futures actions.

Boureima SANGA


« Il faut faire attention au rythme de croissance démographique », soutient Mme le secrétaire permanent du (CONAPO), Delphine Barry.

La planification familiale est une question de droits humains. Nous ne demandons pas aux familles de limiter systématiquement, les naissances. Le défi du CONAPO est que les questions de population et de la Planification familiale (PF) deviennent des priorités de développement. Sachez que pour un dollar qu’on investi dans la PF, on économise beaucoup de ressources en matière de dépenses en éducation, en emploi, en santé.

Il est important que la maîtrise de la croissance démographique soit inscrite dans l’agenda des décideurs. L’État doit pouvoir mettre à la disposition de ceux qui désirent ne plus faire des enfants ou espacer les naissances, des produits de contraception. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que le Burkina Faso est trop peuplé. Cependant, on doit faire attention au rythme de croissance démographique.

Chaque année 500 mille personnes s’ajoutent à la population burkinabè. Tous ces gens ont besoin des services sociaux de base. Est-ce que l’
État a les moyens de suivre ce rythme de croissance accélérée ? Le moyen le moins cher pour l’État aujourd’hui, c’est investir dans l’achat des contraceptifs. Si les femmes ont moins d’enfants, elles peuvent mieux les éduquer et elles ont également le temps d’exercer les activités génératrices de revenus. L’État a créé une ligne budgétaire pour l’achat des contraceptifs, mais le montant versé est en-deçà des besoins réels.

B.S.

Pour sa part le site mondeactu.com rapporte aussi ces propos de Mme Delphine Barry

« Chiffres à l’appui, elle a montré les progrès réalisés par la Thaïlande en matière de progrès économique (en 1980, 3 à 4 enfants par femme avec un produit national brut (PNB) de 1020 dollars, contre 8000 dollars comme PNB 30 ans après pour 2 enfants par femme).»