Corinne Lepage et la démographie (octobre 2009)
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- C’est un sujet délicat, un des grands spécialistes comme Hervé le Bras par exemple considère que le problème n’est pas réglé, mais enfin est en voie de nette amélioration. Il y a certains pays comme l’Inde qui ont encore certainement des progrès à faire et puis un certain nombre de pays intégristes. La Chine, elle a fait sa révolution, avec beaucoup de conséquences très discutables quand même, notamment pour les filles, mais enfin elle l’a faite.
Finalement un autre invité, Roland Cayrol, a conclu ainsi:
- Ce qui est toujours un peu choquant, c’est que ce sont les pays riches, qui ont résolu leur problème démographique, qui sont en situation de donner des leçons à l’ensemble du monde (4)…
(1) Exprimée de cette façon, cette phrase a certainement de quoi faire sursauter l'ensemble des démographes... Il ne faut donc évidemment pas la prendre au premier degré. Visiblement mal à l'aise sur la question, nous conseillons à Corinne Lepage de dédramatiser le problème en s’inspirant de cette citation de Claude Lévi-Strauss « Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie » ("Race et histoire", 1952)
(2) Yves Calvi moins gêné sur le sujet que son interlocutrice…
(3) Yves Cochet n’a pas du tout été agressif sur le sujet, et ce d’autant plus qu’il se limitait aux pays occidentaux et à la France en particulier. Rappelons que sa proposition est « l’autolimitation » des naissances (donc sans aucune contrainte) et la dégressivité des allocations à partir du 3° enfant. Pour rappel Démographie Responsable propose leur suppression pure et simple (sans effet rétroactif évidemment).
(4) Et puisqu’il a été question d’Hervé le Bras, sans être en accord avec lui sur bien des questions, il semble néanmoins utile de faire ici référence à son dernier ouvrage: « Vie et mort de la population mondiale » (Éditions "Le Pommier") où il écrit ceci (en page 97/98) :
« Cependant, comme la baisse de la fécondité anticipe celle de la croissance, il était intéressant de voir dans quelles régions s’étaient produites les plus fortes baisses. La réponse ne faisait pas de doute: en Chine. De 6 enfants par femme en 1965, ce pays était passé à 4,8 en 1972 et à 2,9 en 1978. Le gouvernement voyait ainsi récompensé ses efforts en faveur du mariage tardif et de la contraception. Le coup de maître de Deng Xiaoping fut de ne pas s’en tenir à ce premier succès, mais de l’amplifier en lançant une politique qui ne devait plus rien aux encouragements du monde développé: la politique de l’enfant unique. Son succès ne fut pas immédiat, puisque la fécondité se maintint à 2,6 enfants dans les dix années suivantes, pour passer sous le barre des 2 enfants en 1992 seulement. Mais le signal donné aux autres pays en développement fut très fort. Une nouvelle option se présentait enfin aux réponses à la politique encouragée par l’Occident. Au lieu de faire appel à la liberté de choix des couples et de prôner une famille à 2 enfants, la Chine recourait à la contrainte et ne tolérait plus qu’un seul enfant, ce qui paraissait déraisonnable aux Occidentaux. Il n’est pas question de porter un jugement moral, mais tout simplement de constater que le contrôle des naissances que beaucoup de pays pauvres percevaient comme une demande intéressée des pays riches prenait, par l’exemple chinois, le sens différent d’une rupture avec le passé ».
Exprimé autrement: quand le signal vient "du sud", même plus extrême, il passe mieux... Et donc on a envie de dire « cessons de nous battre la coulpe »...