Non-assistance à mère en danger

« Une femme dans le monde meurt chaque minute à cause de complications liées à la grossesse ou à l'accouchement »

C'est ce que déclare Oxfam France, fer de lance d'une campagne qui débute ce jour (12/03/2010) contre ce qu'elle nomme une « non-assistance à mère en danger ».

Le constat :

Sur un peu plus d'un demi million de décès annuels de femmes pendant leur grossesse ou à l'accouchement, 85% ont lieu en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud.

Les causes :

- grossesses trop précoces et trop rapprochées*;

- politiques de planning familial en partie défaillantes, car dans de nombreux pays concernés, le sujet est tellement tabou (religion, traditions..) qu'on ne peut l'aborder que de façon indirecte par le biais de « l'espacement des naissances ».

- insuffisance des financements locaux et des financements internationaux (bien que les USA aient en partie rompu avec la gestion calamiteuse de ce sujet par l'administration précédente, d'autres pays comme le Canada continuent à traîner les pieds);

Interrogé par Le Monde, Jean-Pierre Guengant, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD), qui fait partie des rares démographes clairvoyants, a déclaré ceci: « Une croissance de 2,5 % à 3 % du taux de fécondité**, ce qui est aujourd'hui le cas dans une quinzaine de pays d'Afrique subsaharienne, est insoutenable et condamne l'Afrique à l'aide extérieure. (...) l'hypothèse haute des Nations unies d'un nombre moyen de trois enfants par femme en 2050, qui conduit à 2 milliards d'habitants, pourrait se révéler trop basse, et la population de l'Afrique subsaharienne pourrait encore doubler entre 2050 et 2100 et dépasser alors les 4 milliards ».

Notre avis:

Peu de choses à rajouter à ce triste état des lieux, sinon que les politiques menées jusqu'à ce jour (qui ont tout fait pour ne choquer personne) n'ont absolument pas produit les effets escomptés, qu'elles pourraient même ne pas empêcher certains pays du sud d'aller "droit dans le mur" et qu'il est donc impératif de passer maintenant à une vitesse supérieure, tant au niveau de l'affirmation claire des objectifs que de celui des efforts financiers pour y parvenir.

* ce qui, en termes moins "feutrés", pourrait se traduire par grossesses trop nombreuses...

** expression peu claire pouvant prêter à plusieurs interprétations (par ailleurs malicieusement déclinées dans un des commentaires envoyés par un abonné du Monde), mais qui en réalité n'est qu'une coquille, puisqu'il faut lire: « Une croissance démographique de 2,5% à 3%, ... »

Pour aller plus loin:

Article de Santélog

commentaire 12-11-2010 22h00

On ne cesse pas de nous enfoncer dans nos têtes que nous sommes "trop riches". Par rapport à quoi ou qui ? Par rapport à notre empreinte écologique ? L'empreinte écolo des parents d'une famille nombreuse, n'est elle pas deux ou cinq fois plus importante que celle d'une famille avec un seul enfant ?