Burkina Faso : Analyse du rapport Amnesty (janvier 2010)

Le rapport, relayé par différents journaux dont Le Monde et Afrik.com, révèle que plus de 2 000 femmes meurent chaque année en couches au Burkina Faso.

Claudio Cordone, secrétaire général par intérim d’Amnesty International y déclare que: « La mortalité maternelle est une tragédie qui prive chaque année des milliers de familles d’une épouse, d’une mère, d’une sœur ou d’une fille. Tant que les femmes n’auront pas le contrôle sur leur propre corps, elles continueront de mourir par milliers. »

"Le Monde", quant à lui, met en lumière les dérives du système de santé: « Mais le point crucial du rapport a trait au coût des soins alourdi par la corruption. Le Burkina a instauré la gratuité des consultations prénatales, mais les intéressées ignorent souvent leurs droits et sont victimes du racket du personnel de santé lui-même. Une partie des stocks de médicaments est détournée. Presque toutes les familles affirment avoir dû acheter de l'eau de Javel pour nettoyer la salle de travail. De même, les ambulances sont théoriquement gratuites, mais la plupart des chauffeurs exigent une somme d'argent avant de démarrer, ce qui retarde d'autant les soins vitaux.»

Enfin, le rapport lui-même nous apprend aussi ce qui pourrait bien être en partie la cause première de tous ces drames: « Bien que le droit burkinabè reconnaisse l’égalité entre les hommes et les femmes, la plupart des femmes sont soumises aux hommes tout au long de leur vie et n’exercent qu’un contrôle très limité, voire aucun contrôle, sur les principales décisions les concernant. Par exemple, ce ne sont pas elles qui décident quand consulter un médecin ni quand avoir des enfants et à quelle fréquence. Les femmes et les filles continuent d’être soumises à des mariages précoces et à des mutilations génitales féminines

Rappelons ici que le respect de la femme exige:
- l'abandon de l'excision, ce qui diminuerait les complications lors des grossesses et accouchements, ferait baisser la mortalité, mais aussi changerait le regard des hommes en faisant passer la femme d'un statut d'objet à un statut de personne.
- l'accès à l'éducation au même titre que les garçons, ce qui contribuerait à un meilleur niveau de vie et à la modération d'une natalité excessive, laquelle, en cercle vertueux, permettrait de meilleures conditions de vie.
- l'accès libre et gratuit à la contraception pour les femmes et aussi pour les hommes (ce sont eux qui mettent le préservatif quand ce mode de contraception est retenu par le couple)
- l'interdiction des mariages forcés et des mariages trop précoces.
- une meilleure autonomie financière des femmes, car quand elles gèrent le budget familial, elles sont plus enclines que les hommes à consacrer les ressources au bien être familial : meilleure nourriture, soins, éducation.

On peut prendre le problème par n'importe quel bout (économique, médical, éducatif, respect des droits humains), on arrive, si on est cohérent, toujours au même constat : respect de la femme - éducation - modération de la natalité - éradication de la pauvreté - santé.

Oublier une seule de ces composantes rend vain l'effort sur les autres. Or l'élément le plus souvent négligé ou occulté par les ONG est celui de la modération de la natalité et pourtant c'est peut-être le plus décisif.
On ne peut que se réjouir qu'Amnesty International ait pris en compte cet aspect du problème.

Big Mama