Guyane : Le centre hospitalier de Saint Laurent du Maroni passé au crible


La Chambre régionale des comptes vient de rendre public son rapport sur l'hôpital de Saint-Laurent.Voir l'analyse de France-Guyane sur le sujet. Pour notre part, nous ne nous intéresserons qu'à la seule "maternité" de cet hôpital dont le rapport dit ceci (page 50 à 54) :

« Le service d'obstétrique a une position dominante au sein du CHOG (Centre hospitalier de l’ouest guyanais), et connaît une activité soutenue (2.343 accouchements en 2009). La capacité d'hébergement jusqu'alors très réduite du service (25 lits) a été portée en 2010, par extension du bâtiment existant, à un niveau plus conforme à l'activité réalisée (45 lits). L'effectif médical est conséquent, (8 postes de PH, 5 internes, 29 sages femmes) et conforme à une activité qui ne pourra se réduire fortement que lorsque le Suriname développera ses propres moyens obstétricaux.

Les orientations prises dans le cadre de l'hôpital neuf prévoient une extension conséquente de la capacité du service de gynécologie obstétrique, fixant celle ci à 66 lits, 7 places et un bloc obstétrical de 6 salles d'accouchement. Parallèlement le service pédiatrie voit sa capacité passer à 24 lits, auxquels s'ajoutent 22 lits de néo natalité.

L'on ne peut que souligner l'absence de cohérence à moyen terme dans le fait d'avoir réalisé une extension onéreuse des locaux actuels, même si elle se justifiait sur le plan de la prise en charge des parturientes*, alors même que le processus de la reconstruction de l'hôpital est engagé. Aucune étude de reconversion des locaux actuels du service obstétrique n'a été réalisée, ni même envisagée.

L'absence de réflexion prospective est patente en matière de filière femme-enfant. Le rapport d'activité 2009 mentionne qu'aucun objectif ne peut être avancé pour le service, car celui-ci est tributaire de variables extérieures multiples : immigration contrôlée ou non, diminution des structures de prévention, carences hospitalières diverses, insuffisance de places….

De fait, l'activité 2010 est stationnaire. La stratégie consistant à conditionner la définition des objectifs à l'obtention de moyens supplémentaires est contestable et inflationniste. Elle atteste d'une absence de repères précis quant aux axes à développer et d'indicateurs pertinents pour permettre à l'ARS de relativiser les extrapolations inflationnistes d'activité.

Bien que régulièrement évoqué dans les différents rapports, la coopération avec le Suriname en matière de maintien des naissances au plus près des lieux de résidence, reste du domaine incantatoire. Il est révélateur qu'aucune organisation en ce sens n'ait été à ce jour prévue avec le Suriname, dans le cadre de la reconstruction de l'hôpital d'Albina ».

* accouchée ou femme en travail d'accouchement

Face au constat dressé par ce rapport et à la croissance démographique excessive* que connait la Guyane, l'association Démographie Responsable ne peut que réitérer ses propositions concernant la question des établissements hospitaliers de l'ouest guyanais : aide massive (voire prise en charge quasi complète) de la reconstruction de l'hôpital d'Albina, et détachement éventuel d'une partie du personnel français pour venir former et/ou venir en aide au personnel médical de ce pays et ce, afin de permettre aux femmes surinamiennes d'accoucher chez elles et à leurs enfants de pouvoir vivre et participer au développement de leur propre pays, sans être tentés d'adopter une nationalité de substitution.

* Rappelons que la Guyane détient le record de la natalité de l'Amérique du Sud avec 3,4 enfants par femme et ce devant la Bolivie (3,3). Certes, avec ses 90.000 km², la population actuelle du département (240.000 personnes) conduit à une densité de peuplement encore faible. Mais il faut savoir que cette population est essentiellement concentrée sur la côte, l’intérieur étant couvert par la forêt amazonienne et peuplé par une faune particulièrement riche qu’il convient toutes deux de protéger. Qu’en sera-t-il lorsque dans 39 ans (2050) , la population aura, selon l'Ined, plus que doublé (600.000) lorsque l'on sait que d’ores et déjà, les peuples autochtones (Wayana,…) qui habitent la forêt sont menacés et que de graves dégâts écologiques sont en cours du fait de l’orpaillage (qu’il soit illégal ou non) et du braconnage...