Égypte : déclarations sur la démographie

Sur les ondes de France Culture

04/02/2011 : Boutros Boutros Ghali, de nationalité égyptienne, et ancien secrétaire général de l'ONU de 1992 à 1996 :

« Je dirais que les problèmes seront beaucoup plus importants parce que vous aurez dans les prochaines années 100 millions d'habitants sur 5% du territoire égyptien, qui est la vallée du Nil et le delta et que le reste du pays (95%) est un désert : premier problème. Le second est qu'il va nous manquer de l'eau parce que les pays qui occupent les sources du Nil vont avoir besoin de passer de l'agriculture pluviale à l'agriculture d'irrigation et donc nous allons avoir de très graves difficultés dans les prochaines années et ce sera le problème de la nouvelle génération et de la nouvelle équipe.»

01/02/2011 : Youssef Courbage : « Quand la population croît trop vite, ce sont les ressources qui diminuent proportionnellement par habitant. L'Égypte n’en est pas à 6 enfants, mais elle en est à plus de 3,5 ce qui est beaucoup quand vous prenez la Tunisie où la famille est composée de 2 enfants. C’est ce qui explique en partie pourquoi les problèmes sont, et seront, beaucoup plus virulents en Égypte qu’en Tunisie. L’autre problème, c’est celui qu’on a beaucoup soulevé : on a parlé de la révolte des jeunes. L’arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi, avec très souvent une incapacité de trouver un emploi adéquat, même quand on est pourvu d’un diplôme secondaire ou universitaire est bien plus virulent en Égypte qu’en Tunisie. Et pour une raison très simple : alors qu’il y a une vingtaine d’années les naissances étaient modérées en Tunisie, elles continuaient à être très abondantes en Égypte et ces naissances d’il y a 20 ans se traduisent aujourd’hui par cette arrivée des jeunes sur le marché de l’emploi avec une incapacité à trouver cet emploi adéquat. »
31/01/2011 : François Thual : « Je crois qu’il faudrait dire un mot de ce qui est à mes yeux aussi une crise sociale et économique. Vous avez 3 chiffres : en 1967 il y avait 30 millions d’habitants en Égypte, aujourd’hui il y en a 84 millions et en 2050 il y en aura 150 millions ! Or ces habitants disposent de 145.000 km² vivables, pour un pays qui fait 1 million de km². Je rappelle cela pour dire qu’il y a une pression démographique qui a généré la misère. Vous avez plus de 50% de la population qui a moins de 24 ans.
Se poser la question des relations des États-Unis avec la crise actuelle, c’est aussi gratter l’écume des choses. Cette crise est-elle soluble uniquement par la diplomatie, uniquement par des mutations politiques ? Personnellement j’en doute. C’est une crise structurelle, c’est pour cela que les États-Unis sont très inquiets.»
Articles de presse
04/02/2011, Sur le journal en ligne canadien L'actualité.com, Jean-Frédéric Légaré-Tremblay écrit sur son blogue Les révoltes arabes, une question de liberté… et de démographie :
« Au-delà des idées, des idéologies, des doctrines religieuses, du désir de liberté et autres, qu’est-ce qui alimente les révoltes populaires — et éventuellement les révolutions — dans le monde arabe en ce moment ? Pour trouver une bonne partie de la réponse, il faut jeter un regard sur une donnée de fond, tout ce qu’il y a de plus terre à terre : la démographie, la démographie et la démographie. Et l’économie aussi.»

02/02/2011, parution dans Le Monde, d'un article de Robert Solé intitulé "Le paradoxe égyptien" (accessible aux seuls abonnés) :
« En 1952, le pays avait 20 millions d'habitants. Il en compte quatre fois plus aujourd'hui ! Ses grandes villes ont pris une extension considérable, sa côte méditerranéenne est quasiment bétonnée d'Alexandrie à Marsa-Matrouh. La population s'entasse sur un mince ruban de verdure au milieu du désert, c'est l'une des plus fortes densités au monde. (…) Tous les dix mois, l'Égypte gagne 1 million d'habitants.»

« Une démographie galopante : L'Égypte, avec 80 millions d'habitants, est le pays le plus peuplé de la région. La population a été multipliée par 3,5 en 50 ans. Malgré un net ralentissement depuis le début des années 90, l'Égypte connaît une croissance démographique de 2,03% par an. C'est-à-dire plus d'1,6 million d'habitants supplémentaires chaque année. La moitié de la population a moins de 24 ans.
Cette explosion démographique a des conséquences lourdes pour l'économie du pays. 94,5% du territoire est recouvert par le désert. Dès lors, la population se concentre dans la vallée du Nil, dont la densité moyenne est de 1500 habitants/km², sur 1000 kilomètres de long.»
Et cet ancien article de mediarabe.info de juin 2008